Pour vous, le Roof Boxxer est réservé aux seuls scootéristes ? Oubliez toutes vos références car le Boxxer Carbon réussit ce qui semblait un pari osé : devenir un modulable parfaitement adapté à une utilisation à moto et hors des zones urbaines. Voici notre analyse après plusieurs semaines d’utilisation.

ROOF Boxxer

Voilà plus de vingt ans que Roof a –n'ayons pas peur des mots –révolutionné l'univers du casque en proposant un intégral pouvant se transformer en véritable jet grâce à une mentonnière basculant totalement sur l'arrière. Si le concept a, depuis, été repris sur d'autres modèles comme le Shark EvoLine par exemple, le Boxer restera le pionnier en la matière. Mais en 20 ans, les usages évoluent. Et le premier Boxer, pensé pour une utilisation urbaine ou à scooter, devait se réinventer. Pour cela, le fabricant de Pégomas a totalement repensé concept de casque modulable et propose cette nouvelle version nommée Boxxer Carbon. Nous avons l’avons testé pendant plusieurs semaines et, s'il ne peut (et ne veut) prétendre au statut de casque GT, il va changer le regard que les motards portent sur la marque.

Roof Boxxer Carbon : Le nom et le look restent mais tout change

Certes, le nom change légèrement, affichant un X supplémentaire. De même, si le look semble identique, la coque a bien évolué, plus longue et moins haute pour un meilleur comportement aérodynamique. Et pourtant, le Boxxer Carbon reste identifiable au premier regard. L'esthétique de casque de pilote de chasse est conservée. Elle a ses détracteurs et ses inconditionnels mais cela permet au Roof de ne pas laisser indifférent, ce qui est bien agréable à une époque où les services marketing ont parfois tendance à guider la main des designers. Tout juste sorti de son carton, notre modèle d'essai séduit sur le plan visuel. Et ce malgré un coloris jaune quelque peu flashy. Cette teinte est un hommage au premier Boxer mais il y a peu de chances qu'elle soit la plus choisie par les clients. Elle a cependant le mérite de bien faire ressortir la coupe franche avec la partie arrière qui laisse apparaître le carbone de la coque. Un carbone qui permet à ce Boxxer de n'afficher que 1 552 grammes sur la balance pour une taille L. Soit 200 grammes de moins que le Desmo New Generation dont Roof semble avoir repris les meilleures idées.

Une mentonnière plus adaptée à la route et au quotidien

Cheville du concept Boxxer, la mentonnière peut être déverrouillée à l'aide d'une seule main. Si les ergots rouges sont toujours de la partie (nous y reviendrons), il suffit à présent d'appuyer successivement sur l'un puis sur l'autre pour débloquer la mentonnière afin de la basculer vers l'arrière. De même, le verrouillage en mode intégral se fait avec une douceur dont devraient s'inspirer certains concurrents. Roof fait d'ailleurs preuve d'astuce avec la jonction mentonnière/écran quand on utilise le Boxxer en tant que casque intégral. Si l'on rabat l'écran sur la mentonnière, le large joint en silicone se replie, garantissant une étanchéité parfaite sur toute la longueur de l'écran. Si on referme la mentonnière après l'écran, le joint se plaque vers le haut. Nous avons fait le test sous un bel orage, dans les deux configurations et jamais l'eau n'a pu se frayer un chemin. Si cela peut sembler un gadget, l'avantage évident est qu'on n'a plus à s'imposer une manipulation complexe ou spécifique. Oubliez le joint en mousse du Boxer qui finit par prendre l'eau ou la (belle mais contraignante) cinématique du Desmo : le Boxxer fait ici ce qu'on attend de lui sans qu'on ne se pose de question. Et si cela est un détail pour vous, pour Roof, ça veut dire beaucoup : le Boxxer Carbon gagne ici ses galons de casque totalement adapté à la moto, que ce soit en ville ou sur route, par beau temps ou sous la plus pourrie des météos.

Des ventilations très modulables

Et, justement, afin de s'adapter au climat, le Boxxer dispose de nombreux aménagements. Si la bavette remplit correctement son rôle en stoppant les remous d'air, la mentonnière intègre pas moins de 6 ventilations. Les tirettes verticales permettent, une fois ouvertes, d'évacuer l'air expiré. Lors de notre test, nous n'avons jamais eu besoin de les fermer. En revanche, les 4 aérations présentes sur l'avant demandent un peu d'entraînement. Roof a ici séparé les deux larges boutons en deux, comme on peut le voir sur cette image. Les parties extérieures envoient l'air frais sur la bouche, ce qui est bienvenu en plein été quand on souhaite conserver la protection d'un intégral sans suffoquer. Les deux autres ventilations dirigent le flux d'air vers l'écran. Celui-ci, de par sa forme arrondie, ne peut recevoir de lentille Pinlock. Et même si l'écran semi-fumé livré de série adopte un traitement anti-buée, celle-ci finit par s'y déposer lors d'un arrêt au feu rouge. Surtout au petit matin en Auvergne... Les ventilations s'avèrent toutefois efficaces puisqu'elles libèrent le champ de vision en quelques mètres. La ventilation supérieure, de type Naca, se montre peu démonstrative mais efficace. Comprenez par là que l'air est bien renouvelé mais qu'on n'a pas un point frais (ou froid ...) clairement localisable. C'est finalement plutôt appréciable, d'autant que cela engendre un bruit réduit.

Un silence surprenant pour un modulable

Lors de notre test du Desmo New Generation, nous avions trouvé ce modulable « encore un peu bruyant ». Roof a beaucoup travaillé sur ce critère, primordial à moto. Les mousses sont plus enveloppantes qu'auparavant, notamment à la base des joues. Si le maintien et le confort sur long trajet y gagnent, cela permet également de réduire le niveau sonore. On n'est pas encore dans un cocon dispensant du port de protections auditives si l'on veut traverser la France (ce qu'aucun casque ne permet d'ailleurs) mais on est à des années-lumière du Boxer V8, casque souvent cantonné aux déplacements intra-muros.

Après quelques semaines d'essai, il apparaît que le Boxxer Carbon ne partage que le "look Roof" avec le très connu Boxer, les prestations et le confort dynamique n'ayant plus rien à voir. On a ici affaire à un modulable pouvant vraiment prétendre au statut de casque moto apte à tailler la route. Silencieux et avec une ergonomie bien pensée, le Boxxer Carbon ne trouvera ses limites qu'en usage 100 % urbain au plus froid de l'hiver. S'il fallait lui faire un reproche, il concerne la couleur des ergots de la mentonnière, en plastique rouge, qui dénotent avec le reste de la finition, et qui, en mode jet, lui redonnent ce look de "casque de scooter" dont Roof voudrait se détacher. Sur tous les autres points, Roof fait preuve d'une capacité à évoluer avec un modèle abouti. Son tarif (529 €) est un peu élevé face aux autres modulables du marché ? C'est le prix du carbone, de la petite série et de l'assurance de ne pas le croiser à tous les coins de rue.